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visites:2015-04-30-thierache

La Thiérache et le Familistère Godin à Guise (France) (30 avril 2015)

Photos

Déroulement

Le Nord et la Thiérache ont revêtu pour nous accueillir, leurs vêtements coutumiers tissés de nuages et de pluie. (Mais la bonne humeur des participants et l’organisation parfaite assureront la réussite habituelle de la journée.) Ceci explique le vert des bocages et des pâturages que nous parcourons, émaillés des nombreuses taches des vaches pie noire (parfois brunes). Impossible alors d’ignorer l’omniprésent maroilles aux subtiles effluves ! Nous avons d’ailleurs l’occasion de l’apprécier lors de notre repas dans une auberge en bordure de la forêt, repas typique local : salade thiérachienne (donc avec maroilles), cuisse de lapin au cidre, fromage et tarte aux pommes.

En matinée, nous passons devant le château du Comte de Paris, cet homme peu commun, descendant de la famille d’Henri Ier de Guise, duc de Guise, assassiné à Blois en 1588 sur ordre de Henri III, roi de France(voir tableau de Paul Delaroche).

Nous passons devant le beau manoir du Comte Caffarelli du Falga, ainsi qu’une superbe grange à colombage.

Nous découvrons la maison natale de Jean-Baptiste André Godin (1817-1889) et l’impressionnante église fortifiée d’Esquéhéries.

L’après-midi nous découvrons la ville de Guise (prononcez Gwize). Cette cité recèle un patrimoine exceptionnel : le château, avec un donjon du XIe siècle, resté longtemps à l’abandon, pillé puis comblé d’immondices qui enfin, par milliers de m³, ont été évacués à la brouette par de jeunes et courageux passionnés !

Mais on ne passe pas à Guise sans visiter le Familistère que nous découvrons grâce à un guide passionné et passionnant. En plus de l’architecture, c’est d’une expérience sociale peu connue qu’il est question ici. Bien plus que simplement une fabrique des célèbres poêles, les fameux poêles en fonte Godin, il s’agit ici d’un réel projet de société civile, une véritable utopie.

Disciple de Charles Fourier, philosophe rêvant d’égalité par l’organisation de la vie dans des phalanstères, après un énorme investissement (le tiers de sa fortune) dans un tel projet aux USA dans lequel il perdit tout, Jean-Baptiste André Godin conçoit et réalise son Familistère proche de son usine.

La Familistère Godin était une cité ouvrière de 2000 habitants, cette ville utopique avec ses trois pavillons d'habitation formant le Palais Social. Les 500 logements qui s'y trouvaient, étaient d'un modernisme impressionnant pour l'époque et pour ce niveau social : eau courante, toilettes et vide ordures à tous les étages, cour centrale couverte mais aérée grâce à un ingénieux système de grilles. De nombreuses annexes proposaient à l'époque toute une série d'activités culturelles, école laïque et mixte, le kiosque à musique, la piscine, le théâtre à l'italienne. La piscine avec fond mobile permettait d’apprendre à nager aux enfants, trop nombreux à se noyer dans l’Oise toute proche. Ces possibilités n’étaient offertes qu’à ceux qui avaient opté pour l’habitat en familistère. Il ne s’agissait toutefois pas d’une société égalitaire. Godin percevait 15000 fr par mois, un ouvrier moyen en recevait 200. Et chaque fonction était rétribuée en conséquence. Le loyer se limitait à environ 5% du salaire, ce qui conservait une solide marge pour les dépenses courantes. La gestion de cet habitat était assurée par un comité paritaire hommes/femmes (pas l’usine elle-même !). A sa mort Jean-Baptiste Godin légua l’ensemble aux habitants qui le gérèrent jusqu’en 1968, curieusement l’année de toutes les revendications contestataires. Les descendants avaient repris les vieilles habitudes humaines inégalitaires de favoritisme et de conflit d’intérêt. Ainsi s’éteignait ce qui restera donc une utopie.

Après la visite, nous prenons le verre tous ensemble sur le site afin de prolonger l’atmosphère de cette époque.

Christine Dupaix

     

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